mercredi 16 janvier 2008


19h30, petite musique de jazz, dehors il fait noir et froid.

Je ne veux plus regarder la télévision, mais c’est un piège si tentant.Que faire quand on est seul et fatigué par une journée de travail? Créer, lire, rêver à la limite de l’éveil pour ne pas hypothéquer la nuit de sommeil?
En réfléchissant à ce blog je me rends compte de la vanité de l’effort. Personne ne le lira parce que personne ne le trouvera perdu dans les quelques milles blogs créés chaque jour, sédiment épais par-dessus tous ceux qui existent déjà . Et les moteurs de recherche ne viendront jamais pointer ce blog faute de lecteurs ou d’autres blogueurs qui y réfèrent. Il faudra bien plus de 60 autres années d’écriture régulière pour que mes textes surnagent. Trop tard. J’ai commencé trop tard.
À défaut de créer ce soir, pas d’inspiration ni de volonté de courir après, je vous laisse avec un dessin de mon meilleur ami de 5 ans, Ludovick.

vendredi 4 janvier 2008


Je me remets en question pour fêter mes soixante ans comme je l’ai fait presque tous les 10 ans. À 20 ans, je suis partie vivre au loin… et j’y suis restée. À trente, j’ai pris les enfants sous le bras pour poursuivre le chemin sans leur père. À 40 et à 50 j’ai changé d’emplois. À chaque rupture, ses raisons, à chaque palier, ses priorités, ses passions, ses intolérances, ses allergies . Les valeurs cristallisent, le regard s’aiguise.

Sur le site de l’émission par 4 chemins, un ancien texte de Jacques Languirand présente la vie en 7 étapes : de la plus traumatisante : la naissance , à la vieillesse et la mort.

«On se trouve ici devant une contradiction apparente. D'une part, il paraît de plus en plus évident qu'il faut, parvenu à la soixantaine, éviter de rompre avec ses habitudes. De travail, en particulier. Et sexuelles.

D'autre part, la pensée traditionnelle enseigne qu'à soixante ans, le temps de l'action est passé. En général, on n'agit plus directement sur les événements et les hommes. Mais par le biais du conseil inspiré par l'expérience. La fonction n'est plus la même: vers la soixantaine, on devrait renoncer au pouvoir et passer du côté de l'autorité, c'est-à-dire, si j'applique ce concept à la structure du monde des affaires, ne plus se définir au niveau de l'exécutif, parmi ceux qui opèrent la machine au jour le jour, mais passer au niveau du conseil d'administration, parmi ceux à qui on rend des comptes, qui observent le fonctionnement de la machine avec un certain recul et décident des grandes orientations.
(…)
La vieillesse, c'est le bout de l'âge. Si les autres étapes de la vie ont été relativement bien vécues, l'être doit parvenir dans la vieillesse à son plein épanouissement. La vieillesse est un âge de disponibilité: l'être est moins sollicité par l'action; et c'est aussi, en principe, l'âge du déconditionnement. L'être arrive à un dépouillement, à une libération. Et, en particulier, à une libération relative par rapport à son propre programme.

Depuis la naissance, l'être est conditionné par ses gènes; par ses glandes qui sont les clés du véhicule de l'incarnation : le moment venu, par exemple, la sexualité s'éveille en lui - mais il croit que c'est librement qu'il modifie ses habitudes vestimentaires et sa coiffure...

Par ailleurs, depuis le moment de sa conception, une interaction existe entre le milieu et lui; il se trouve donc aussi conditionné par le milieu dans lequel il vit. Lorsqu'on atteint la vieillesse, il est possible de se libérer relativement du programme : de s'identifier un peu moins au Moi, au corps et à la personnalité, pour s'identifier davantage au SOI, à l'individualité, à ce qu'il y a d'éternel en chacun de nous - qui se trouve au-delà des sensations, au-delà des émotions, au-delà même des pensées.

La sagesse est liée à l'âge. Il y a, bien sûr, des exceptions à cette règle, mais on peut dire que, règle générale, il est pratiquement impossible d'atteindre la sagesse avant de parvenir à l'étape de la vieillesse, parce qu'il est pratiquement impossible de se libérer plus tôt du programme.

Dans toute démarche qui vise à se libérer plus tôt du programme, il faut prendre garde de ne pas transformer un désir de réalisation en refoulement systématique bien qu'inconscient. En revanche, parvenu à la soixantaine, on devrait profiter de la possibilité qui s'offre de se libérer relativement du programme et consacrer une grande partie de son temps et de son énergie, à sa réalisation intérieure. »

Si c’est le dernier palier avant la mort, raison de plus pour le fleurir, le parcourir lentement, en savourer chaque instant, s’ouvrir aux autres et à la nouveauté.

mardi 1 janvier 2008


Premier jour de l'année avec son lot de résolutions souvent irréalistes. Mais il y en une à laquelle je tiens: réduitre le temps de télévision pour augmenter le temps de réflexion. Car malheureusement pour moi les journées n'ont toujours que vingt quatre heures et je suis née avec un grand besoin de sommeil...

Cette année, pour moi, commence dans la solitude. Que signifie la solitude dans la soixantaine? On devrait plutôt dire les solitudes. Il y en a tant de différentes: des souhaitées, d'autres résultats de hasards, des bonnes et des délétères, des heureuses et des noires, les conséquences d'un choix ou celui de l'exclusion.

Il y a la solitude par opposition à la vie de couple. Est-ce faire preuve d’autonomie ou d’égoïsme, de grande sociabilité ou d’asociabilité, de décider vivre et d'aimer vivre seule?

Autonomie : forcément, seule il faut s’efforcer de faire les choses soi-même et donc être en apprentissage constant. Bien sûr, il est possible de demander de l’aide pour l’infaisable mais j’ai toujours l’impression quand je le fais de demander la charité.

Égoïsme : on peut n’écouter que soi et faire uniquement ce qui nous plait. Mais plus souvent, pour moi, être seule s’est être disponible aux autres, et non plus seulement à un autre, être à l' écoute de l’inconnu, aux causes sociales ou simplement à ce qui se passe, au moment présent.

La solitude choisie, assumée, bien vécue est une des plus belles retombées d’une individualité bien construite et solide. Individualité qui, pour moi, dès que je suis en couple, se dilue, s’efface jour après jour me retirant capacité de décision et créativité.

Mais alors, la solitude délibérément choisie à 60 ans? Peut-être que « délibérément choisie» n’est pas le terme exact, qu’il est le résultat d’une rationalisation très intellectuelle de mes échecs amoureux. Mais chaque échec est venu renforcer l’idée que la seule personne qui ne me lâchera jamais et qu’il faut vraiment que j’apprivoise c’est moi-même. Il faut que j’assume faiblesses et forces, goûts et dégoûts, plaisirs et ennuis. Que je reconnaisse et accepte toutes les contradictions qui m’habitent. Et en cela l’âge m’a vraiment aidé.